Plaisir au Féminin & Maternité et Handicap
moteur
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- Plaisir au Féminin
- Extrait:
Un orgasme indépendant de la moelle épinière.
Grâce à des études menées par les
mêmes chercheurs dans les années 90 auprès
de femmes dont la moelle épinière était
complètement sectionnée, on s'aperçut alors
que l'orgasme,
que l'on savait être une réponse du cerveau à
des stimuli locaux (vagin, clitoris, etc.) pouvait exister sans passer par la moelle épinière : l'hypothèse étudiée
actuellement étant que les stimuli et réponses
passeraient par un nerf, dit "vague", court-circuitant
la moelle épinière.
- Pour la femme handicapée, retrouver une sexualité
après une blessure médullaire ou une maladie invalidante
est un sujet rarement évoqué. Pourtant, il existe
des clés, incontournables dans l'acquisition d'une nouvelle
vie sexuelle.
- "Mmmh, mon cou!...Il est
tellement sensible. Mes oreilles et ma bouche le sont aussi.
Mais les caresses que je préfère, c'est dans le
cou!...", confie sensuellement
Samia, la main sur le cou, dans un large sourire. Handicapée
à l'âge de 20 ans des suites d'une agression à
l'arme blanche, de longues années se sont écoulées
avant que cette très belle femme de 31 ans ne dépasse
l'épreuve qui a fait basculer sa vie. Aujourd'hui en couple
et enceinte de cinq mois, sa "vie
d'après", comme elle
l'appelle, lui procure néanmoins
des plaisirs physiques intenses,
même si Samia n'a pas les mêmes sensations sexuelles
qu'avant. Paraplégie et tétraplégie entraînent
des troubles de la sensibilité des organes génitaux
externes et internes. Peu d'informations sont objectivement connues
sur les sensations et réactions sexuelles de la femme
handicapée, excepté la baisse du désir et
de l'activité sexuelle après l'accident survenue
en pleine maturité. Il faudra attendre 1995 pour que des
études sur le sujet voient le jour, grâce aux scientifiques
Sipski et Alexander. Ainsi ont-ils conclu que
les réactions sexuelles dépendent de la hauteur
de la lésion médullaire:
trop haute et toute sensation est absente; plus basse, et une
gradation toute en nuances est possible. Seules les femmes atteintes
de lésions incomplètes font état d'un orgasme
pratiquement similaire au vécu antérieur. Certaines
d'entre elles, sujettes à l'hypersensibilité, se
plaignent de sensations désagréables au niveau
du clitoris, qui leur déclenchent des contractures. La grande majorité des autres décrivant
un orgasme plus faible ou différent, appelé para-orgasme. Samia, dont les caresses le long du cou déclenchent
de vif émois, ou Gabrielle, tétraplégique,
dont la sensibilité sus-lésionnelle
s'est développée avec la pratique,
connaissent souvent ce para-orgasme: une "sensation puissante",
"chaleur intense" ou "grand
frisson" selon les mots
de chacune, déclenché par l'excitation de parties
du corps sans rapport avec l'anatomie sexuelle. Lèvres,
nuque, cou, épaules, ventre, fesses et seins, ces zones
érogènes dites "secondaires", au-dessus de la lésion, se révèlent
d'une grande sensibilité. "Il existe deux populations de femmes handicapées", explique
Evelyse Hugues, sexologue au centre de rééducation
Propara à Montpellier. "Celles
qui ont connu l'orgasme avant, et celles qui ont tout à
découvrir, l'accident étant survenu à l'adolescence
par exemple. Les premières, nous les informons d'emblée
qu'une nouvelle forme de sexualité leur demeure possible,
ainsi que la procréation. Auprès des secondes,
le discours est plus délicat mais mon objectif est de
les informer aussi rigoureusement et rapidement que le sont les
hommes accidentés, eux dont les solutions techniques en
cas de problème d'érection sont évoquées
sans tabou. Le fait qu'elles puissent physiquement faire l'amour
ne doit pas masquer leur besoin de parler des préliminaires,
des positions du corps, de la recherche de
l'excitabilité, etc..". A
la suite du centre Kerpape, en Bretagne, le centre Propara a
mis en place des groupes de parole composés uniquement
de femmes, aux côtés d'un sexologue ou d'un médecin.
Tous les sujets y sont librement abordés, du plaisir au
désir de maternité. Les anciennes patientes témoignent
de leur vécu quotidien auprès des nouvelles qui,
comme Marie-Josée âgée de 50 ans et tétraplégique
depuis un an, redoutent de rentrer chez elles: "Je suis ravie d'entendre les autres femmes car
j'apprends beaucoup. Je n'ai pas eu de rapport depuis mon accident:
j'ai très peur et je ne me sens pas prête". Des
craintes, toutes n'en ont pas. Gabrielle, la jeune maman de Marie,
beau bébé de 5 mois, se souvient de ses 20 ans.
Tétraplégique, elle
n'hésitait pas à appeler SOS médecin pour
être sondée avant de recevoir chez elle ses compagnons
de nuit, avec plaisir et sans complexe.
Mais pour la majorité des femmes, de toutes les difficultés
à surmonter, la peur de la
perte incontrolée
des urines au cours du rapport sexuel est la principale. Certaines célibataires en viennent
à abandonner toute vie sexuelle ou à rompre une
relation naissante de peur d'être confrontées à
ce problème. D'autres, mariées et mère de
famille, ont conscience d'être retenues par cette crainte
du blocage, sans pour autant réussir à la dépasser,
comme Béatrice, 35 ans, accidentée à 18
ans, juriste et mère de deux enfants: "Durant l'acte sexuel, je sens que je pourrais
aller plus loin mais je crains la fuite. Je ne me lâche
pas. Je garde le contrôle et n'atteins pas l'orgasme". Maitriser l'incontinence est une priorité pour la (re)construction sexuelle, comme le
confirme la sexologue Bernadette Soulier: "Se mouiller ou se salir est un accident vécu
par la femme comme une humiliation profonde. C'est compréhensible.
Normalement ce sont les petits enfants qui se mouillent. Mais
cela peut devenir un prétexte qui cache une thématique
plus profonde, celle de l'autre et de son regard, le sentiment
d'humiliation ou la non-acceptation de son nouveau corps, de
son handicap".
- La fuite, un tue-l'amour A ce jour, pour maîtriser l'incontinence
urinaire et/ou fécale, quelques solutions existent. Déjà,
deux règles d'or doivent être appliquées:
vider la vessie et les intestins et s'abstenir de boire une heure
avant l'acte. Trois techniques permettent une sexualité
la plus épanouie possible: la stomie continente, qui évite
la présence d'une poche (lire article dans Faire Face
n°605), le stimulateur de brindley, qui permet le contrôle
de la vessie par une puce électronique stimulée
par un boîtier extérieur et, enfin, l'agrandissement
vésical (entéro-systoplastie), la technique la
plus utilisée par les personnes paraplégiques.
D'autres méthodes sont largement décrites par la
sexologue Bernadette Soulier, dans son ouvrage "Un amour comme tant d'autre? Handicaps
moteurs et sexualité" édité par l'APF. Sonde à demeure,
poche de Bricker (dérivation continue des urines), poche
de colostomie (dérivation continue du colon), l'usage
d'un obturateur urétral ou anal, la suppression des épines
irritatives.
- En effet, au-delà de tous les
problèmes techniques que le handicap pose durant l'acte
sexuel, prendre du plaisir passe d'abord par la reconnaissance
de son corps dans ses nouvelles
potentialités sexuelles, à découvrir et
inventer. Si tant est que deux principaux
conflits sont dépassés: le souci de la performance
sexuelle et le problème des fuites, qui provoque un conflit
interne de "souillure". A propos de ce dernier,
à en croire les sexologues spécialisés dans
le handicap, les hommes qui ont fait le choix de vivre auprès
d'une femme handicapée sont moins gênés par
les fuites que leur compagne. Aussi, le simple fait de confier
au conjoint ses sentiments et ses craintes permet déjà
de prendre conscience des freins respectifs en dehors du handicap,
tels que des blocages psychologiques, éducatifs ou culturels.
Grâce au dialogue avec le partenaire, qui voit la femme
telle qu'elle est, celle-ci peut également dépasser son éventuel conflit
de performance sexuelle, c'est à
dire ses frustrations ou ses fausses
croyances, de devoir donner du plaisir ou
d'en être impuissante. Ensemble, à travers les mots
et les gestes, voies médianes et chemins
de traverse sont à découvrir pour dépasser
les peurs et réinventer des jeux érotiques. Car une relation sexuelle entière implique
un réel échange à différents niveaux,
et pas exclusivement celui du sexe. Cette approche nécessite
parfois une aide extérieure, celle d'un spécialiste
de confiance, plutôt sexologue et thérapeute que
gynécologue. Une prise en charge thérapeutique,
individuelle ou en couple, aide chacun à poser les bonnes
questions, à soi-même puis à l'autre. Une
première étape vers la reconstruction d'une identité
en tant que partenaire sexuelle.
- Article: de Carole Bourgeois
(Faire Face Avril 2003 n°608)
-
- Site très
intéressant sur la sexualité des femmes paraplégiques,
maternité, grossesse, astuces vue par NADE.
- http://www.c5c6csex.com/maternite.htm
- Sujet tabou "Maternité et handicap moteur"
Oser être mère,
maternité et handicap moteur. Ce livre est le premier
sur ce thème, c'est dire combien le tabou est grand. Combien
la société occulte ces femmes qui ont choisi comme
des millions d'autres, d'être mères. Delphine Siegrist
est l'auteur de cet ouvrage. Pour elle, écrire ce livre
c'était d'abord informer les femmes handicapées
moteur que la maternité c'est possible.
- Dans l'imaginaire des gens, le frein est beaucoup plus grand
que dans la réalité. Le problème c'est que
les femmes vont intégrer le regard négatif que
la société porte sur ces maternités-là.
Or il s'avère que ces femmes peuvent tout-à-fait
être mères. Les questions d'ordre pratique trouvent
toujours des solutions. Et surtout toutes ces mamans peuvent
embrasser leur enfant, le chouchouter, le câliner, le gronder
s'il fait des bêtises, lui raconter une histoire et l'aimer
tout simplement. Et je crois qu'un enfant qui est aimé,
quelle que soit la capacité physique de la mère,
c'est çà qui est important.
- Delphine Siegrist a écrit un livre pédagogique,
un livre qui répond à toutes les questions pratiques
que l'on peut se poser. Est-ce qu'une grossesse ne va pas aggraver
mon handicap? Est-ce que je peux transmettre ma déficience?
Toutes ces questions difficiles, mais qu'il faut avoir résolu
avant de se lancer dans la maternité. Et l'auteur explique
aussi très concrètement comment langer ou baigner
son bébé quand on est en fauteuil. Enfin, dans
chaque chapitre on peut lire des témoignages bouleversants.
- Mes maternités m'ont vraiment épanouie, elles
ont développé ma sensibilité. A travers
elles, mon corps de souffrance et de désespérance
est devenu un corps d'amour fait pour donner la vie.
- Il ne faut pas trop penser aux conséquences de la
grossesse avant d'avoir un enfant. Si je l'avais fait, je ne
me serais pas lancée dans cette aventure. On pense souvent
que la maternité n'est pas possible, or elle se construit
jour après jour.
- Contact(s) utile(s) :
Oser être mère,
maternité et handicap moteur est paru aux éditions
Douin avec le concours de l'assistance
publique des hôpitaux de Paris.
- Désirer un enfant
- Avoir un enfant, une belle aventure... qui se prépare.
Regard des autres, risques de santé éventuels,
les femmes handicapées peuvent rencontrer nombre d'obstacles
dans leur projet. Le manque de confiance en soi est sans doute
le premier à surmonter. "Pour
avoir un enfant, mieux vaut avoir régler ses comptes avec
le handicap", témoigne une mère. Il
faut être bien dans sa tete et bien dans son corps!
- Pour être bien dans son corps avant de débuter
une grossesse, il vaut mieux faire le point sur sa santé.
C'est auprès du médecin spécialiste (Urologue,
Cardiologue, Neurologue...) qu'il convient de faire ce bilan.
- Neuf mois d'attention
Au cours de la grossesse, le corps est davantage sollicité.
Il est important de savoir gérer et anticiper les modifications
qui en découlent. Car la mère doit être en
bonne santé pour le bien de son enfant à naître,
mais elle doit aussi pouvoir continuer à etre indépendante.
Voici quelques-uns des points sur lesquels il faut être
attentif.
- Le poids: La surveillance
du poids n'est pas toujours facile à faire dans la mesure
où les balances ne sont pas adaptées. Toutefois,
prendre peu de poids garantit l'autonomie. Ceci est particulièrement
vrai au dernier trimestre où les actes deviennent plus
difficiles à réaliser. Il faut manger de tout,
régulièrement mais sans excès.
- Les infections urinaires, la constipation:
La constipation est fréquente chez toutes les femmes enceintes.
Mais la position en fauteuil roulant et le déficit de
mobilité sont des facteurs aggravants. Pour l'éviter,
il faut manger des aliments contenant des fibres, des fruits,
aller à la selle régulièrement et boire
(1 litre et demi par jour). C'est une nécessité
pour contribuer à éviter les infections urinaires.
Bien sûr les envies d'uriner sont plus fréquentes
chez les femmes enceintes et il n'est pas aisé pour celles
en fauteuil roulant de trouver des toilettes adaptées.
Les femmes médullaires qui ont une prédisposition
aux infections urinaires doivent être particulièrement
vigilantes sur ce point.
- Les médicaments:
Certains ne sont pas compatibles avec la grossesse. Il faut,
avant, faire le point avec son médecin traitant.
- Les oedèmes: Conséquences
de troubles circulatoires, les gonflements touchent principalement
les membres inférieurs. Ils sont aggravés par la
position constante en fauteuil roulant. Ils peuvent conduire
à des phlébites ou être irréversibles
même après l'accouchement. Pour les éviter,
plusieurs solutions: porter des bas de contention, s'allonger
en journée et la nuit, surélever les pieds du lit.
- Les douleurs: Une position
assise constante associée à la prise de poids durant
la grossesse peut entraîner des lombalgies, des sciatiques
douloureuses. Il est possible de les prévenir: par un
travail de détente, de relaxation fait ou non par une
sage-femme, des activités physiques douces voire de la
kinésithérapie.
- Blessures médullaires:
Des complications peuvent survenir au cours de la grossesse.
La plus fréquente concerne les infections urinaires. Elles
nécessitent parfois des hospitalisations. Il est recommandé,
quand cela est possible, de pratiquer l'auto-sondage car les
sondes à demeure augmentent considérablement les
risques d'infections. Chez les femmes tétraplégiques,
mieux vaut effectuer un bilan neuro-urologique complet avant
la grossesse. Il permettra le dépistage de complications
et la mise en place d'un mode mictionnel adéquat. Les
escarres sont également des causes d'hospitalisation.
Les femmes enceintes doivent surveiller leur peau, d'autant plus
fréquemment qu'avec l'augmentation du poids les appuis
sont davantage délétères. Les femmes dont
la lésion est inférieure à D10 peuvent percevoir
les mouvements de leur bébé, les autres peuvent
apprendre à les discerner de façon indirecte, en
posant, par exemple, une main sur leur ventre.
- Portrait: Anne
- 38 ans, célibataire,
mère d'un enfant (7ans). Tétraplégique C5/C6
depuis l'âge de 21 ans, en fauteuil électrique.
- Vers 30 ans j'ai rencontré
quelqu'un. Au bout de 2 mois, j'étais enceinte. J'ai ressenti
d'abord des nausées. On ne comprenait pas ce qui m'arrivait.
Quand la grossesse a été identifiée, j'ai
annoncé la nouvelle à ma famille. Je savais que
je pouvais compter sur mon entourage. C'était un élément
très important dans mon choix. Je savais aussi que, financièrement,
je pouvais recourir à l'aide humaine dont j'allais avoir
besoin pour mon enfant et moi. Le gynécologue de la clinique
m'a encouragée à poursuivre la grossesse. J'ai
fait un début de phlébite. Tous les jours, on m'injectait
de la calciparine. Je parvenais à sentir mon enfant à
l'intérieur de moi et puis je regardais mon ventre bouger.
C'était un grand bonheur. La grossesse ne changeait pas
grand chose à ma vie quotidienne. Les transferts se faisaient
toujours avec le lève-malade. J'ai continué à
aller à la piscine jusqu'à 5/6 mois. L'eau décuplait
les sensations. Je n'ai pris que 7 à 8 kg. Je faisais
attention aux escarres. Mon souci majeur a été
la vessie. J'avais une sonde à demeure mais plus la grossesse
avançait plus elle s'éjectait. J'étais constamment
trempée et je devais redoubler la surveillance de ma peau.
Vers la fin de la grossesse, je n'en pouvais plus. J'ai demandé
à être hospitalisée 15 jours avant l'accouchement.
A l'hôpital, pour mon confort, j'ai obtenu l'autorisation
de faire venir une garde-malade car le personnel non formé
au handicap ne savait pas m'aider. J'ai accouché par les
voies basses, sous péridurale. A la maison, j'avais recruté
une nounou qui dormait là. Je donnais toujours le biberon,
même la nuit. La nounou m'amenait l'enfant, on le calait
sur un coussin et je le nourrissais. J'étais présente
dans tous les actes même si je ne pouvais pas les faire.
Je chantais des chansons. Je portais mon enfant contre moi. Le
contact physique, entre nous, a été permanent.
Cet enfant est le sens de ma vie. C'est un magnifique défi
face au handicap.
- Découvrir son bébé
- Lors de la naissance, l'enfant vient
au monde et la femme naît à sa maternité.
C'est toujours un moment d'intense émotion. L'accouchement
est souvent source d'inquiétude. Comment va-t-il se passer?
Voies naturelles, césarienne? Les contractions seront-elles
ressenties? Les questions se bousculent. A son propos circulent
des idées fausses. On pense à tort que les césariennes
sont presque systématiquement pratiquées chez les
femmes ayant un handicap moteur. Or, beaucoup d'entre elles (Paraplégiques, tétraplégiques,
imc...) accouchent par les voies
naturelles lorsqu'il n'y a pas de problème purement obstétrical.
Même si les muscles abdominaux sont faibles ou ne peuvent
être volontairement contractés, l'utérus
assure son travail d'expulsion de façon automatique. C'est
l'obstétricien qui détermine le mode d'accouchement
et, avec l'anesthésiste, des modalités d'administration
d'un analgésique. Certaines pathologies avec des troubles
associés (cardiaques,
ophtalmiques, vasculaires...)
sont orientées d'emblée vers la césarienne
avec ou sans anesthésie générale. Des antécédents
de fractures ou des déformations du bassin sont des contre-indications
à l'accouchement par les voies naturelles et parfois aussi
à des anesthésies périmédullaires
(péridurale et rachi-anesthésie). Après la naissance, les femmes devenues
mères sont souvent envahies de sentiments partagés
entre joie et inquiétude. Tout en apprenant à découvrir
leur nourrisson, elles ne doivent pas oublier de veiller aussi
à elles. Car l'accouchement fatigue. Il laisse, parfois,
des cicatrices gênantes voire douloureuses. La cicatrisation
de l'épisiotomie, quand elle a été pratiquée,
doit être surveillée de près surtout chez
les femmes incontinentes et privées de leur sensibilité.
C'est également dès les premières montées
de lait en dehors de contre-indications (usage
de médicaments ou état général) que le choix de l'allaitement doit se faire.
Certaines femmes trouvent le sein pratique, d'autres plus contraignant.
Le passage à la maternité peut être l'occasion,
avec l'aide des infirmières ou assistantes maternelles,
de trouver les "trucs et
astuces" pour tenir le
bébé, l'attraper, le langer... Il arrive aussi
qu'après la naissance la mère se sente mélancolique,
d'humeur instable voire ne cesse de pleurer. C'est ce que l'on
nomme le "baby blues". Le handicap n'est pas un facteur déclenchant
de cet état. Il est important que la maman soit bien entourée.
Avoir bien préparé le retour à la maison
contribue à apaiser les angoisses. Reste le temps pour
apprivoiser cette toute nouvelle relation.
- Portrait: Emilie
- 36 ans, séparée,
1 enfant (15 ans). Paraplégique L1/L2 depuis l'age de
15 ans.
- Ma grossesse s'est bien déroulée.
J'étais confiante, je me sentais bien. Je pense que mon
entourage a eu quelques inquiétudes. Mon kiné de
l'époque m'a beaucoup encouragée. Il m'a aidée
à avoir confiance en mon corps. Le gynécologue
m'a imposé des rendez-vous toutes les 3 semaines avec
échographies régulières et prescription
de progestérone alors qu'il n'y avait aucun signe de contractions.
Malgré nos rencontres régulières, il y avait
de la distance entre nous. Il prévoyait une césarienne.
J'ai pris 20 kg, ce qui a créé au fur et à
mesure des difficultés pour les transferts, les toilettes
et l'habillage. J'ai conduit jusqu'au 7eme mois. J'ai recherché
des informations sur la paraplégie et la grossesse mais
je n'ai rien trouvé à l'époque. Je pensais
que mon gynéco se renseignerait lui-même. J'ai vécu
cette grossesse sur un petit nuage en passant le plus clair de
mon temps à lire, prendre le temps de vivre et sentir
mon corps fabriquer mon bébé. Je devenais de plus
en plus incontinente au fur et à mesure que le bébé
grossissait. J'ai accouché par les voies basses avec 3
semaines d'avance. J'ai été épisiotomisée.
Mon bébé est resté en pouponnière
dont 4 jours en couveuse. Moi, j'ai été hospitalisée
pendant 15 jours car l'épisiotomie avait du mal à
cicatriser. Dans le service de maternité tout s'est bien
passé à part l'accessibilité. Dans celui
de pédiatrie, c'était plus difficile. Les berceaux
étaient trop hauts, je devais attendre qu'une infirmière
passe et me donne mon bébé. C'était très
difficile à vivre.Au bout de 15 jours, on m'a enfin amené
mon enfant. J'ai rattrapé le temps. Chez moi, je le changeais
sur le lit entre mes jambes. J'utilisais un "sac à
bébé" en forme de hamac pour le porter. C'était
très pratique pour l'allaitement et les ballades.
- Retrouver son toit
- De retour chez soi, une nouvelle page de la vie s'ouvre.
Ce petit bout d'homme bouscule le quotidien. Entre les nuits
incomplètes, les soins, le biberon ou les taches domestiques,
la journée est bien remplie. La mère n'a plus guère
le temps de penser à elle. Pourtant, le retour de couche
est une période délicate. Le corps est encore fatigué.
Il a subi des bouleversements. Il va lui falloir un peu de temps
afin de retrouver son état intial. La mère doit
continuer à veiller à son alimentation: manger
de tout, ne pas sauter de repas, boire beaucoup, surtout si elle
allaite. Elle ne doit pas non plus baisser la garde de la surveillance
de sa peau, surtout si elle est blessée médullaire.
Il arrive aussi qu'envahie par le quotidien, des doutes s'immiscent,
renforcés parfois par ceux de la famille ou de proches.
Il ne faut pas hésiter à en parler et ne pas s'installer
dans une souffrance psychique. A la maison, la mère s'aperçoit
très vite que son bébé s'habitue à
son handicap. Tous les parents handicapés témoignent
de l'adaptation instinctive de leur enfant à leurs capacités
motrices. Leurs petits se font naturellement "plus
légers", "présentent
leur dos", "se
raidissent" alors qu'avec des personnes valides
ils se comportent tout autrement. Mais leur adaptation ne doit
pas faire oublier la sécurité. Des petits astuces
simples, issues de l'expérience de mères, existent.
Autour de la table à langer qui peut être une table,
un bureau... doit se trouver tout le nécessaire (coton, couches, vêtements...).
Au fond des baignoires, il est possible d'installer une sorte
de transat en toile ou en plastique. Il empeche l'enfant de glisser
et les mains sont ainsi libérées. Ces "transat" sont vendus en grande
surface ou dans les magasins spécialisés. Pour
porter l'enfant en fauteuil roulant, il faut penser à
le maintenir attaché contre soi. Des porte-bébés
(choisir ceux qui s'attachent par devant),
large ceinture ou grand châle font l'affaire. Beaucoup
de mamans saisissent leur tout petit d'une main car elles ont
besoin de l'autre pour assurer leur équilibre en s'accrochant
à leur fauteuil ou à d'autres prises. Elles enfilent
alors des vetements solides ou un harnais. Une maman a eu l'idée
de glisser son bébé dans une sorte de filet. Elle
peut ainsi le déposer sur le sol et le mettre dans l'eau.
Pour le lit, il est préférable de choisir ceux
dont la hauteur de matelas est réglable (souvent
trois positions) car ils peuvent évoluer avec
l'enfant. Il faut veiller au système d'abaissement des
barreaux et préférer ceux qui ne nécessitent
pas l'utilisation conjointe des deux mains. Les mères
trouvent, au fur et à mesure, les astuces qui leur conviennent
et sont adaptées à leur handicap. Certaines déplacent
leur bébé dans des poussettes même à
l'intérieur de la maison, d'autres ont fixé une
chaise haute ou un baby relax sur une table roulante... L'échange
avec d'autres mères est utile pour découvrir les
astuces malignes. Ensuite, "il
faut avoir confiance en soi et en ses capacités. Si tel
est le cas, personne ne pourra jamais mettre en doute ni un projet
d'enfant, ni la maternité", témoigne
Véronique, en fauteuil roulant et mère de trois
enfants. L'amour maternel est
plus fort que tout.
- Dossier réaliser par
Delphine Siegrist (Faire Face Mars 2003 n°607)
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